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Áureo Busetto, A democracia cristã no Brasil: principios e práticas

São Paulo, Editora UNESP, 2002, 306 p.
Olivier Compagnon
p. 254-255
Référence(s) :
Áureo Busetto, A democracia cristã no Brasil: principios e práticas, São Paulo, Editora UNESP, 2002, 306 p.

Texte intégral

  • 5 Cf. par exemple « O Partido Democrata Cristão : teores programáticos da terceira via brasileira (1 (...)

1Issu d’une thèse de doctorat réalisée à l’Université de São Paulo en 1998, cet ouvrage est la première étude importante consacrée à la démocratie chrétienne au Brésil. Jusque-là en effet, seuls quelques articles scientifiques isolés ou témoignages d’acteurs permettaient d’appréhender l’histoire de ce mouvement politique en terre lusophone. Bien qu’il prête le flan à de nombreuses critiques, le livre d’Áureo Busetto contribue par conséquent à combler une lacune historiographique importante en même temps qu’il semble avoir ouvert la voie à d’autres travaux sur le même thème – ceux de Sandro Anselmo Coelho notamment5.

  • 6 Économie et Humanisme. De l’utopie communautaire au combat pour le Tiers-Monde, 1941-1966, Paris, (...)

2Tout au long des quatre parties qui constituent ce travail, l’auteur s’attache d’une part à exposer les grandes lignes doctrinales de la DC brésilienne et le projet de « Terceira Via » dont elle fut porteuse, d’autre part à expliquer pourquoi le Parti démocrate-chrétien (né officiellement à São Paulo en juillet 1945) n’a jamais pu représenter une force politique majeure à l’échelle nationale et a presque complètement disparu dans la tourmente des années 1960. Si ce second point, qui permet de revisiter l’histoire politique du Brésil entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et le coup d’État de 1964, s’avère plutôt convaincant et permet par exemple de prendre la mesure de figures politiques telles que André Franco Montoro, Heráclito Sobral Pinto ou Antônio Queiroz Filho, le premier laisse davantage à désirer sur le fond comme sur la forme du propos. En effet, comprendre l’émergence de la DC en Amérique latine suppose de retracer en détail la trajectoire intellectuelle d’une génération de laïcs de l’entre-deux-guerres, confrontés à la crise du libéralisme, hantés par le spectre communiste, parfois tentés par le fascisme et souvent hésitants sur la question de la démocratie. Or, c’est là que le bât blesse : sans que l’on sache sur quelles sources ou sur quelle bibliographie il s’appuie (les notes de bas de page sont singulièrement lacunaires et le statut de la preuve s’en trouve naturellement altéré), l’auteur évoque en vrac et de manière souvent simplificatrice la réception au Brésil de l’œuvre du philosophe Jacques Maritain ou de celle du père dominicain Louis-Joseph Lebret, la réunion de Montevideo qui donne naissance en avril 1947 à une « Internationale démocrate-chrétienne » en Amérique latine, les relations entre les démocrates-chrétiens brésiliens et leurs homologues latino-américains ou le « modèle » que peuvent constituer les partis démocrates-chrétiens européens qui connaissent leur heure de gloire après 1945. Par exemple, écrire que Maritain procède d’une pensée « libérale-chrétienne » (p. 51) constitue non seulement un contresens sur la philosophie politique de l’auteur d’Humanisme intégral, mais révèle également que le projet démocrate-chrétien en lui-même (qui procède de la double filiation du catholicisme intransigeant – antilibéral – et du catholicisme social) et l’idée de « Terceira Via » n’ont pas été bien compris. Sur ce point, l’auteur disposait pourtant au Brésil de sources de première main qui auraient pu lui être de la plus grande utilité, comme les archives d’Alceu Amoroso Lima (également connu sous son pseudonyme de Tristão de Athayde, personnalité centrale pour comprendre la genèse de la DC au Brésil) conservées à Petrópolis ou celles du Centro Dom Vital et de la revue A Ordem (lieux privilégiés de maturation du projet démocrate-chrétien entre les deux guerres mondiales). Il en va de même à propos de « l’économie humaine » de Lebret, traitée sans aucune référence au livre décisif de Denis Pelletier dans lequel de nombreuses informations concernant le Brésil auraient pu être puisées6.

3Plus généralement, c’est toute la bibliographie qui s’avère lacunaire et révèle les faiblesses d’un livre qui peut s’avérer utile pour quiconque s’intéresse à l’histoire politique du Brésil contemporain, mais sans doute pas en matière d’histoire religieuse et d’histoire intellectuelle. Et l’usage purement décoratif des travaux de Bourdieu, au travers de notions de « champ » et d’« habitus », ne saurait compenser ces faiblesses.

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Notes

5 Cf. par exemple « O Partido Democrata Cristão : teores programáticos da terceira via brasileira (1945-1964) », Revista Brasileira de História (São Paulo), v. 23, n° 46, 2003, p. 201-228.

6 Économie et Humanisme. De l’utopie communautaire au combat pour le Tiers-Monde, 1941-1966, Paris, Cerf, 1996 (notamment p. 297 et suiv.).

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Pour citer cet article

Référence papier

Olivier Compagnon, « Áureo Busetto, A democracia cristã no Brasil: principios e práticas »Cahiers des Amériques latines, 48-49 | 2005, 254-255.

Référence électronique

Olivier Compagnon, « Áureo Busetto, A democracia cristã no Brasil: principios e práticas »Cahiers des Amériques latines [En ligne], 48-49 | 2005, mis en ligne le 15 août 2017, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/cal/7983 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cal.7983

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Auteur

Olivier Compagnon

Université Paris III-IHEAL / CREDAL

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