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Information scientifique
Lectures

Laurent Vidal, Mazagão, la ville qui traversa l’Atlantique. Du Maroc à l’Amazonie (1769-1783)

Paris, Aubier, 2005, 314 p.
Mona Huerta
p. 253-254
Référence(s) :
Laurent Vidal, Mazagão, la ville qui traversa l’Atlantique. Du Maroc à l’Amazonie (1769-1783), Paris, Aubier, 2005, 314 p.

Texte intégral

1Récemment inscrite au patrimoine de l’humanité, la forteresse de Mazagão (l’actuelle El Jadida), fondée au début du XVIe siècle, est un exemple rare des tout premiers peuplements portugais sur la route des Indes orientales. Maître de conférences en histoire à l’Université de La Rochelle, Laurent Vidal relate dans ce livre un épisode méconnu de son histoire.

2Avec la colonisation du Brésil, le Portugal se détourne, au cours du XVIIIe siècle, de ses bastions africains. Deux mille Portugais sont abandonnés dans leur citadelle et subissent les attaques de plus en plus nombreuses des Maures. En 1769, le Roi du Portugal juge que les intérêts de la Couronne sont ailleurs et décide de faire de ces assiégés des pionniers de l’Amazonie nouvelle : le déplacement de la ville est alors décrété. De Mazagão à Lisbonne, de Lisbonne à Belém, de Belém à la Nouvelle Mazagão, il durera plusieurs années au cours desquelles les populations vivront dans l’attente de leur nouvelle ville jetée dans la jungle amazonienne. Cette attente, diverse selon les moments et les acteurs, est au cœur de ce livre qui s’achève sur la proposition d’une « histoire sociale de l’attente ». Mazagão y est tour à tour ville de passage, ville métisse, ville vécue, ville de mémoire. L’auteur qui a exploré les fonds d’archives les plus divers s’appuie très méthodiquement sur les sources sans que la lecture n’en souffre. Il réussit à évoquer ces moments difficiles grâce à une écriture nerveuse et pertinente. Il rend tangible le traumatisme d’une population qui, dans sa nouvelle implantation amazonienne, s’adapte difficilement au climat équatorial et à la cohabitation avec les Indiens.

3Les blessures furent profondes et la nostalgie persistante. La mémoire dure et surprend : les gens de la Nouvelle Mazagão, pour la plupart descendants d’esclaves noirs, célèbrent chaque année d’héroïques combats contre les Maures. Cette histoire, vieille de presque deux cent trente années, a quelque résonance aujourd’hui dans la mesure où ce livre savant nous éclaire, nous apostrophe et aide peut-être à mesurer concrètement la souffrance des déplacés.

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Pour citer cet article

Référence papier

Mona Huerta, « Laurent Vidal, Mazagão, la ville qui traversa l’Atlantique. Du Maroc à l’Amazonie (1769-1783) »Cahiers des Amériques latines, 48-49 | 2005, 253-254.

Référence électronique

Mona Huerta, « Laurent Vidal, Mazagão, la ville qui traversa l’Atlantique. Du Maroc à l’Amazonie (1769-1783) »Cahiers des Amériques latines [En ligne], 48-49 | 2005, mis en ligne le 15 août 2017, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/cal/7982 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cal.7982

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Auteur

Mona Huerta

CNRS–CREDAL

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Droits d’auteur

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