Martine Droulers et Céline Broggio, Le Brésil
Martine Droulers et Céline Broggio, Le Brésil, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2005, 128 p.
Texte intégral
1Les Presses universitaires de France ont confié à Martine Droulers et Céline Broggio la tâche de renouveler le « Que sais-je ? » sur le Brésil, dont six éditions avaient paru sous le nom de Pierre Monbeig (1954, 1958, 1968, 1976, 1983, 1989) puis deux sous celui de Raymond Pebayle (1992 et 1995). C’est là une excellente chose, car durant les dix ans qui nous séparent de la dernière édition, le Brésil a considérablement changé. Par ailleurs, cette nouvelle version est bien plus qu’une actualisation, puisque les auteurs ont pu écrire un texte entièrement nouveau.
2On se réjouit que le résultat ait pu s’adapter aux spartiates contraintes de la collection (format réduit, pas d’illustration, un plan simple) pour apporter des éclairages nouveaux. La construction, tout d’abord, est originale. Au lieu de proposer un vaste découpage régional, les auteurs préfèrent en effet brosser dans les chapitres 1 et 2 un vaste portrait de l’ensemble du territoire brésilien et des profondes évolutions qu’il a connues dans les trente dernières années avant de traiter de la géographie régionale. Celle-ci est d’ailleurs limitée à la quarantaine de pages du chapitre 3 puisque le dernier chapitre est consacré aux « nouvelles intégrations territoriales », dans lequel on interroge les nouvelles relations entre le pays et son espace, à la fois sous l’angle de la transfrontaliarité, corollaire de l’engagement du Brésil dans le Mercosul, mais aussi sous celui de la redéfinition du fédéralisme ou de la question de la gouvernance des zones urbaines, questions très délicates dans le Brésil contemporain.
3L’ensemble, plus surprenant mais aussi plus ambitieux qu’une description minutieuse des régions brésiliennes, apporte encore d’heureuses surprises. On pourra par exemple apprécier particulièrement les développements sur les questions d’éducation ou de santé, ou sur le rôle des nouveaux réseaux dans une certaine uniformisation de la culture brésilienne. De la même manière l’insistance sur la croissance des zones urbaines et sur le poids toujours très grand du littoral face à « l’intérieur », malgré les grandes politiques de « conquête de l’Ouest ».
4Si peu de critiques peuvent être faites au travail des auteurs, on notera que ce « Que sais-je ? » n’échappera pas à l’un des inconvénients les plus criants de la série, qui est l’obsolescence rapide de certains détails. Il n’évoque ainsi presque pas l’avancée de certains débats (ou le recul de certaines dynamiques) durant le gouvernement Lula, alors que le (premier ?) mandat de celui-ci se termine dès la fin de cette année. On souhaiterait que les PUF soient capables de réaliser des mises à jour, au moins tous les deux ans, pour éviter ce souci. Un autre problème vient de la gestion des rééditions de la collection encyclopédique : si « la civilisation afro-brésilienne » et la « littérature brésilienne » sont encore disponibles, l’« Histoire du Brésil » semble épuisée, ce qui est dommage. Peut-être une version actualisée est-elle en cours de réalisation ? D’autre part, s’il existe une « Histoire du Brésil », il aurait mieux valu intituler le volume consacré à la géographie « L’espace brésilien », évitant ainsi au lecteur potentiel de penser qu’histoire, géographie et civilisation pourraient être traitées dans le seul présent volume.
5En dehors de ces considérations, Le Brésil de Martine Droulers et Céline Broggio est un ouvrage solide et novateur, qui sera particulièrement utile pour les étudiants qui commencent à s’intéresser à la géographie de cet immense pays, « plus continental que tropical » comme le disent les auteurs, quitte à ce que la géographie contrarie la musique.
Pour citer cet article
Référence papier
François-Michel Le Tourneau, « Martine Droulers et Céline Broggio, Le Brésil », Cahiers des Amériques latines, 48-49 | 2005, 248-249.
Référence électronique
François-Michel Le Tourneau, « Martine Droulers et Céline Broggio, Le Brésil », Cahiers des Amériques latines [En ligne], 48-49 | 2005, mis en ligne le 15 août 2017, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/cal/7972 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cal.7972
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page